Cap vert

 

LES GROOMS AU CAP VERT - 15 avril 2004

Spectacle « Fanfare tout terrain »

 

Le Centre Culturel Français de Praia (ile de Santiago) nous accueille au Cap Vert. La tournée devait au départ se prolonger en Mauritanie et au Sénégal mais les contacts n'ont finalement pas abouti.

C'est donc la première fois que nous faisons autant de kilomètres pour ne jouer qu'une fois. Le prix des transports et des défraiements doit être 5 fois plus important que celui du cachet. La durée du voyage est de 19 heures aller et le spectacle ne dure que 90 minutes. 5 jours sur place pour ne finalement jouer qu'une fois. C'est rageant, j'ai un peu honte d'un tel état de fait mais on allait pas refuser du travail dans une conjoncture aussi morose. Qui plus est dans un pays aussi beau que le Cap Vert !

L'accueil du directeur (Jean-Marie Haye) est très chaleureux et tout est parfaitement organisé. La petite ville de Praia est tout en couleur avec un marché fourmillant d'activité et de vie. Le premier jour en me promenant dans les rues, j'ai un haut le cœur tellement il y a de monde et de fourmillement. Je me demande comment on va faire pour jouer dans un tel environnement.

Le Théâtre de rue n'est jamais arrivé jusqu'ici et nous sommes les premiers occidentaux à intervenir dans les rues. Il n'y a qu'un seul Centre Culturel au Cap Vert tenu par les Français.

La pression est sur nos épaules....

Nous jouons à 16h sur une des plus grandes places de la ville. Jamais nous ne sommes intervenus dans un pays aussi pauvre que celui-ci. Quelle va être la réaction de la population ?

Ce qui est paradoxal est que des blancs viennent avec leurs costumes de serviteurs (Grooms) jouer pour des Africains !

Dès le début du spectacle, une horde d'adolescents vient se coller à nous et nous lâchera plus. Le public plus âgé est là mais reste à l'écart, laissant les jeunes au premier rang. Toute action est commentée à haute et intelligible voix par les spectateurs. Il faut souffler fort dans les instruments pour se faire entendre... Un brouhaha indescriptible suit tous nos déplacements. Il est quasiment impossible de chanter ou de prendre la parole tellement le bruit ambiant est important. 200 à 300 personnes suivent le spectacle.

Nous prenons une vieille dame à parti mais celle-ci finit par se mettre à pleurer tellement elle est gênée.

On sent le public très surpris par notre présence, très intrigué.

Nous déambulons dans les petites rues de la ville ce qui crée un gros embouteillage.

Le spectacle devait se terminer dans le Centre Culturel mais la cohue est telle dans la rue que le directeur préfère finir devant le Centre et non dedans.

Je me souviendrai longtemps de la vitalité de la rue africaine. Il est dur de passer au dessus de ça pour une petite fanfare comme la nôtre. On aura eu du mal à vaincre l'énergie et la force de vie de ces rues bariolées pleines d'enfants surexcités. Mais on a tenu bon : on a pris une bonne leçon de vie, une bonne claque. Dans la rue il faut être en permanence à 300% si on veut réussir son coup.

Cette expérience capverdienne débouche sur une nouvelle aventure : nous avons décidé de travailler avec des classes de ZEP du 17ème arrondissement de Paris à partir de septembre 2004 (entre 9 et 11 ans). Nous allons créer un petit spectacle avec eux qui sera présenté les 30 et 31 octobre 04 dans le cadre du festival « Itinérance rue ».