Australie

 

Les Grooms en Australie – Février 2003

 

La tournée naît en mars 2002 quand un programmateur anglais (Bill Gee) nous conseille de contacter le festival de Perth qui pourrait être intéressé par notre spectacle (ils y créent Le Crépuscule des dieux).

Effectivement, la réponse ne traîne pas et le directeur du festival de Perth paraît très intéressé. Il envoie 2 personnes voir le spectacle au festival de Chalon sur Saône et à celui de Hasselt (Belgique).

Après quelques mois de négociations, la tournée est bouclée en décembre 03 : l'idée est de fêter le 50ème anniversaire du festival en le décentralisant et en envoyant nos spectacles dans tout l'Etat de Western Australia (dont Perth est la capitale).

Nous resterons 24 jours sur place, jouerons 12 représentations de 3 spectacles différents dans 4 villes différentes :

- 1er et 2 février ; Kalgoorlie (La Tétralogie de 4 sous)

- 4 février : Broome (La flûte en chantier)

- 6 au 11 février : Mandurah (La Tétralogie de 4 sous et La baronnade).

- 13 au 16 février : Perth (La baronnade et La flûte en chantier).

 

Kalgoorlie (1 et 2 février 03)

C'est le lieu le plus original de toute cette tournée australienne : Sean Doran (directeur du festival) a l'idée de nous faire jouer le spectacle sur le site de la plus grande mine d'or au monde à ciel ouvert, La Tétralogie (Le Ring des Nibelungen) mettant en scène un peuple de nains hideux forgeant l'or dans les profondeurs de la terre.

Cette ville située à 600 km de Perth fut à la fin du siècle dernier pendant la ruée vers l'or la plus grande ville d'Australie !

Elle est aujourd'hui bien assoupie mais l'activité minière est toujours très importante. La ville est plus réputée pour ses skimpies (hôtesses de bar dévêtues) et ses maisons closes que pour son activité culturelle...

C'est d'ailleurs la 1ère fois que le festival organise un événement dans cette ville.

Nous relevons le défi d'initier la population à l'opéra mais l'appréhension est importante pour nous, d'autant que nous sommes très peu annoncés dans la ville.

Notre décor est monté dans l'immense hall d'une mine désaffectée transformée en musée (Hall of fame). On nous annonce 20 réservations...

Finalement et à notre grande joie, une centaine de spectateurs finissent par arriver. Ils sont assis sur des tapis ou de petits tabourets mais un problème se pose avec les obèses à qui nous devons impérativement trouver des chaises.

Le contact est vite établi et les rires sont nombreux. Notre anglais très approximatif (tout le spectacle a été traduit) fait un gros effet sur le public australien. Il y a quand même 1 Aborigène dans l'assistance !

Après le spectacle, une petite réception est organisée en notre honneur. Le soleil se couche sur les derricks et le lieu est somptueux. Beaucoup de gens importants ont fait le voyage de Perth : le Ministre des Affaires Régionales (Tom Stephens), le directeur du festival, la directrice de l'Alliance Française et des journalistes de la presse nationale. Il y a même quelques dirigeants de la mine. Tous ont apprécié le spectacle et nous sommes ravis de ce premier contact avec l'Australie.

La deuxième représentation est plus folklorique : suite à un immense orage, l'électricité est coupée et il faut retarder le spectacle d'une heure. Celle-ci ne revient qu'à moitié et tous nos effets de lumière sont tronqués. Le public est moins nombreux mais tout aussi enthousiaste. Nous regrettons qu'un travail de communication n'ait pas été mieux fait. Avant de repartir sur Perth, certains vont visiter la mine d'or, d'autres mangent du kangourou en compagnie des aborigènes ou parcourent le bush.

 

Broome (4 février)

Broome est une station balnéaire à 2500 km au nord de Perth. Notre première impression est celle d'une chaleur suffocante et très humide (climat tropical).

Heureusement que nous avons prévu des short-uniformes à la place des pantalons avant notre départ car La Flûte en chantier se joue en extérieur.

A nouveau la peur de n'avoir pas assez de public. Comme à Kalgoorlie, c'est la première fois que le festival se déplace jusqu'ici. On parle de faire une parade en ville pour s'annoncer. En fait, on s'aperçoit que la ville ne comporte que 2 rues complètement désertes et surtout inondées de chaleur. Il faut dire que l'Etat de Western Australia ne comporte que 3 millions d'habitants sur 7 fois la France avec 85% de la population habitant Perth !

Le jour J 200 à 300 personnes débarquent d'on ne sait où avec couvertures et pique-niques (le sport national en Australie). Le Ministre des Affaires Régionales est à nouveau du voyage avec son jet privé. Dès la première minute du spectacle, une sueur abondante coule sur nos tempes et ne nous quittera plus.

Le public est très vite conquis et nous pousse malgré la chaleur accablante. Notre chanteur manque néanmoins de tomber en syncope au milieu de la représentation.

Jamais nous n'avons joué sous un tel climat. Nous terminons harassés de fatigue mais heureux d'avoir été appréciés par un public nombreux.

Après la représentation (il en sera ainsi jusqu'à notre départ), une réception est organisée en notre honneur avec vin australien et petits fours. Le Ministre est très heureux de notre présence et nous chantons un petit air médiéval en son honneur.

 

Mandurah (6 au 11 février)

Mandurah est une station balnéaire à 80 km au sud de Perth et c'est ici que les choses sérieuses commencent car nous sommes programmés dans le Mandurah Opera Festival en compagnie de Steve Reich et d'une compagnie australienne. Le décor est monté sur la scène d'un magnifique théâtre tout neuf (Boardwalk theatre) tout en bois et en verre en face de la mer.

Beaucoup de spécialistes d'opéra, de programmateurs et de gens venus de loin vont venir assister au spectacle.

Nous sommes gonflés à bloc par la parution d'un article très élogieux à notre égard dans la presse nationale.

Le soir de la 1ère, beaucoup de sponsors et d'officiels sont scandalisés à l'idée de devoir s'asseoir par terre et exigent des sièges. Nous tenons bon pendant que notre responsable australienne se cache dans les toilettes de peur d'avoir à les affronter...

La salle est archi-comble le 1er soir, il y fait trop chaud et les spectateurs sont trop serrés assis en tailleur sur les tapis. Malgré cela, l'accueil est à nouveau plus que chaleureux.

Le niveau musical de cette première représentation est moyen mais l'énergie est là. Le public australien est comme d'habitude formidablement positif, sûrement l'accent anglais plus que « frenchy ». Un australien théorise en nous disant que le fait de présenter l'opéra de cette façon décrispe les Australiens face à un art qu'ils connaissent mal.

Chaque soir, une réception a lieu après le spectacle (Siegfried's supper) où le public peut rester boire un verre avec les artistes et déguster des spécialités wagnériennes (saucisses, bière). C'est très agréable pour nous de pouvoir rencontrer les spectateurs et discuter avec eux. Notre grande fierté est notre rencontre avec des membres de la Société Wagner de Sidney qui utilisent notre programme pour le mettre sur leur site internet.

Les sponsors du festival accueillent également leurs spectateurs en leur offrant un verre ou deux avant le spectacle. Lors de l'une des représentations, une spectatrice rentre ivre dans la salle, se met à danser sur chaque morceau de musique et finit par vomir dans l'un de nos chapeaux ! ! ! !

Un soir de la semaine, nous sommes chargés de jouer un spectacle en plein air (La baronnade) avant un feu d'artifice. Notre prestation consiste à surprendre les spectateurs en mêlant nos chanteurs d'opéra à l'assistance. A la fin du spectacle, une chorale locale également cachée dans le public surprend les spectateurs en interprétant un chœur de Wagner. La chorale préalablement rencontrée est d'un niveau très médiocre mais tellement heureuse de participer qu'elle en devient formidable.

Nous finissons notre intervention les pieds dans l'eau chaude de l'Océan Indien interprétant 8 et 1/2 de Nino Rota.

 

Perth (13 au 16 février)

A l'occasion du 50ème anniversaire et pour la 1ere fois en Australie, le festival de Perth monte une production australienne du Crépuscule des Dieux de Richard Wagner. Comme la salle ne contient pas assez de places, un écran géant a été installé dans un parc où est retransmis l'opéra en direct.

L'idée de Sean Doran est de nous faire intervenir devant l'écran géant pendant l'entracte.

A l'instar de Mandurah, nous avons travaillé en amont avec une chorale australienne de 100 choristes pour surprendre les spectateurs. Nos chanteurs sont également cachés aux 4 coins du parc : la soprano se fait passer pour une touriste allemande, le baryton vend du vin dans une échoppe et le ténor est technicien sur une tour en échafaudage à 5m de hauteur. Le répertoire est axé autour de la musique de Richard Wagner.

Tout se passe très bien même si nous avons du mal à être concis et organisés entre nous, la fatigue sûrement...

La chorale de 100 personnes fait un gros effet avec Le chœur des marins du Vaisseau fantôme qu'elle a appris pour l'occasion et qui est enchaîné à un chœur zoulou ! Il est toujours formidable de construire quelque chose avec les gens rencontrés sur place. Nous sommes tous invités à un grand repas en leur compagnie et nous échangeons adresses et partitions.

Le dernier jour, nous finissons par la 117ème représentation de La flûte en chantier en plein centre de Perth. Nous vendons la totalité de nos 35 CDs et nos 50 programmes.

Avec cette tournée, les Grooms visitent leur 5ème continent (23 pays depuis 1985).

Rarement une tournée se sera aussi bien passée que celle de Perth : L'accueil australien fut excellent du début à la fin de la tournée. La jeune équipe du festival fut irréprochable et nous reçut comme des rois, nous logeant dans les meilleurs hôtels du pays, organisant de somptueuses réceptions en notre honneur et étant absolument parfaite sur la logistique. La presse fut également au rendez-vous (cf articles ci-joint).

Il y a quand même et comme toujours quelques regrets : regrets de n'avoir pas pu davantage rencontrer les Aborigènes, regrets que le public n'ait pas toujours été au rendez-vous par manque de publicité à Kalgoorlie, regrets de n'avoir pas pu jouer sur la côte est.

S'il y a une personne à particulièrement remercier, c'est le directeur du festival Sean Doran qui osa parier sur nous en nous programmant 12 fois dans des situations exposées alors que le spectacle n'était pas encore créé. Il quitte cette année le festival pour diriger le English National Opera (plus grosse salle d'opéra en Angleterre).

Nous remercions également l'AFAA sans qui cette tournée n'aurait pas été possible. Merci d'avoir à nouveau fait confiance à notre groupe alors que la tournée s'est décidée très tardivement. L'Alliance Française et le Conseiller Culturel (qui a fait le voyage de Canberra) ont également été présents à nos côtés pendant tout notre périple et nous les remercions de leur soutien (réception en notre honneur à l'Alliance Française).

L'année prochaine, une tournée est prévue à la même époque au Festival de Nouvelle-Zélande ainsi que peut-être à nouveau en Australie (Adelaïde) et nous espérons qu'une collaboration avec l'AFAA pourra à nouveau être envisagée.

 

Aller à la galerie photo