Ile de la Réunion - Afrique du Sud

 

Les Grooms en Afrique du Sud et sur l'Ile de la Réunion - 1er au 12 juillet 2000

Spectacle « La flûte en chantier »

 

ILE DE LA REUNION (1er et 2 juillet 2000)

 

La tournée était initialement prévue uniquement en Afrique du sud. Etant donné qu'il n'y avait que 3 dates prévues sur place, nous avons cherché d'autres débouchés dans la région. C'est grâce à un envoi groupé d'emails dans tous les pays de la zone qu'on déclenche l'intérêt de Vincent Colin, directeur du Théâtre du Grand marché à Saint-Denis. Il parle de nous à Chandra Pelle de la compagnie Komela, programmatrice de ce Festival Tempo, et notre venue est rapidement décidée.

C'est un festival de marionnettes qui s'ouvre progressivement au théâtre de rue d'où notre présence. Les troupes sont nombreuses et de qualité venant de différents pays : Réunion, Métropole, Angleterre, Tchécoslovaquie, Japon...

Par contre, la ville de Saint-Leu est assez petite et nous sommes surpris de la présence d'un tel festival dans une si petite ville. Nous donnons deux représentations en soirée sur le bord de mer et fait rarissime sur cette île, la première représentation a lieu sous la pluie... On a peur de ne récupérer que très peu de public car les Réunionnais ne sont pas des couche-tard.

Heureusement, la compagnie Komela (programmatrice du festival) bien implantée dans la ville a organisé un défilé avec les habitants qui ramène pas mal de public.

Le spectacle commence avec un gros contingent d'enfants heureusement assez sages et bien contenus par leurs accompagnateurs. La nuit tombe rapidement et des projecteurs doivent être utilisés car l'éclairage public est quasi-inexistant dans la ville.

On a appris des mots de créole qui font un tabac sur le public :

- « Fem out qui » : ferme ta gueule.

- « E moi le maire » : c'est moi le chef.

Malgré la pluie, le public nous suit jusqu'à la fin du spectacle.

Le bouche-à-oreille a bien fonctionné pour la 2ème représentation si bien que le public est très nombreux le deuxième soir. En plus, il ne pleut pas cette fois là. Très beau spectacle au coucher du soleil sous les palmiers. Un Indien de New Delhi veut acheter le spectacle. Plusieurs personnes font le voyage de Saint-Denis pour venir nous voir (à 100 km de là) et ça nous fait plaisir.

Belle fête pour notre départ avec tous les artistes présents. On sort les instruments et improvisons un petit spectacle à la fin du repas pris en commun dans une cantine très sympathique. On apprendra par la suite que le festival s'est très mal terminé car le metteur en scène de la compagnie Komela (Baguett') a eu une attaque cardiaque pendant un spectacle...

 

AFRIQUE DU SUD

 

Tournée organisée de A à Z par Bénedicte Motte, assistante de Catherine Blondeau à l'Institut Français d'Afrique du Sud (IFAS). La tournée se décompose en 2 temps : 2 représentations à Grahamstown et 1 à Johannesburg.

- Standard Bank Art Festival (Grahamstown) : 7 et 8 juillet 2000

Petite ville située à 1 heure de voiture de Port Elizabeth dans le sud du pays. Pendant 15 jours, la bourgade est envahie par d'innombrables compagnies de théâtre qui investissent toute la ville. On dit que c'est le plus grand festival de théâtre de l'hémisphère sud. Ce festival est bizarrement organisé par une banque (Standard bank).

Les 2 représentations ont lieu dans un lieu un peu retiré de la ville trop bruyante pour nous ; il s'agit en fait d'une école et de ses dépendances (stade, église, dortoirs).

On a ici affaire à un vrai public de festivaliers venus là pour assister aux spectacles.

La flûte en chantier connaît un énorme succès avec des crises de rire générales dans le public. On a rarement assisté à de telles réactions. En revanche, on est déçu par la présence quasi-exclusive de blancs dans l'assistance.

 

Johannesburg : 12 juillet 2000

Comme on dispose de quelques jours avant la représentation, Bénedicte Motte nous propose d'aller à la rencontre d'un brass band local, en l'occurrence celui du township d'Alexandra. Alexandra est un des quartiers les plus pauvres de Johannesburg peuplé uniquement de noirs. On y est introduit par une femme formidable, Mme Bongi Dhlomo-Mautloa, qui essaye d'ouvrir son quartier sur l'extérieur et qui est en relation régulière avec l'IFAS. Cette fanfare amateur a été créée par le prêtre du quartier qui essaye de sortir les jeunes de la délinquance grâce à la musique. Le courant passe très vite avec ces jeunes musiciens. Ils nous jouent quelques morceaux puis c'est notre tour puis nous décidons de sortir jouer dans la rue. Et c'est là que nous vivons le moment le plus intense de notre voyage : des centaines de personnes sortent de leurs maisonnettes et suivent notre déambulation. Des nuées d'enfants s'agglutinent à nos côtés en dansant. Pas une réaction négative des habitants dans ce quartier (peuplé à 100% de noirs).

On décide d'inviter tout l'orchestre à venir voir notre spectacle le lendemain en leur payant le taxi.

Les données changent pour cette dernière représentation : on passe d'un grand festival de théâtre international à un spectacle en plein quartier noir à 50m d'un bidonville. Le prétexte de ce spectacle est la conférence mondiale Urban future organisée juste à côté de notre lieu de jeu.

L'accueil de l'IFAS est excellent même si on connaît comme souvent quelques problèmes techniques.

Comme à La Réunion, on craint l'absence de public car le quartier choisi n'est pas très animé (on joue en semaine à midi). Comme souvent, le public tarde à arriver mais se masse finalement devant nos valises (utilisées comme décor).

Fait rare en Afrique du Sud (dixit des membres de l'IFAS), le public que l'on rassemble est extrêmement mélangé. Il y a un équilibre entre les deux populations que l'on observe rarement en Afrique du sud. A notre grande surprise, le public est beaucoup moins enthousiaste qu'à Grahamstown. Il faut dire que Mozart et la musique classique sont totalement étrangers à la population noire (un journaliste noir du plus grand quotidien de Johannesburg me demandra d'épeler Mozart !). C'est assez difficile car on les sent très curieux mais surpris par ce nouveau style de musique. Les passages grivois ont comme d'habitude un gros succès ainsi que les moments où on choisit des gens dans le public.

A la fin du spectacle, on appelle les membres de la fanfare du township d'Alexandra sur scène avec leurs instruments et un concert improvisé commence. De grosses mamas africaines se mettent à danser...

Les adieux à nos amis musiciens sont douloureux. On se dit qu'on les reverra bientôt à Paris ou à Johannesburg. Dans tous les cas, le contact va être maintenu.

Grâce à tous ces voyages (7 pays visités entre mai et juillet 2000 ), de nouveaux projets internationaux voient le jour :

- Collaboration avec le brass band d'Alexandra afin de les faire venir en Europe.

- Rapprochement avec la compagnie Avanti Display de Manchester. Projet d'un spectacle commun qui sera présenté durant l'été 2001 devant le National Theater de Londres, au festival Streets ahead de Manchester, à Chalon dans la rue et au festival L'humour des notes de Haguenau.

- Commande du Barbican Centre de Londres pour travailler sur la musique de Wagner. La tétralogie y est présentée (London Synphony Orchestra) en 2002 et ils aimeraient avoir un spectacle décalé sur ce thème.

Et puis il y a d'éventuelles tournées futures de La flûte en chantier grâce aux contacts pris pendant toutes ces tournées : l'Inde, la Norvège, l'Indonésie, Les Seychelles, ...

 

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